On croyait qu'il attirait à lui ceux qu'il
aimait particulièrement, ou bien que, lors de son décès, une maladresse
s'était produite : on avait laissé un chat passer sur son corps ; ses
yeux avaient refusé de se fermer ; le fichu d'une femme qui procédait à
la toilette funèbre avait effleuré ses lèvres, etc. Evidemment, nos ancêtres
ont expliqué ses méfaits à leur manière en affirmant que ce type de
mort aime tant les siens qu'il veut les avoir auprès de lui.
Le témoignage le plus ancien sur le nonicide est, à notre connaissance,
un article de journal daté du 31 juillet 1725 que Michaël Ranft insère
dans son traité sur la Mastication des morts dans leurs tombeaux. Un
certain Peter Plogojovitz décède et neuf personnes le suivent dans la
tombe peu après ; il se couche sur les vivants et leur serre la gorge ;
on l'exhume, et du sang jaillit du cadavre, puis on le transperce d'un
pieu et l'incinère.
Peter Plogojovitz est en même temps nonicide, étrangleur et cauchemar.
On relèvera que Plogojovitz va provoquer la désertification du village,
exactement comme le revenant dont Guillaume Laudun tranche la tête.
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