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Les fantômes
des croyances anciennes formaient deux familles, l'une
correspondant à l'image qu'on se fait du fantôme aujourd'hui : une sorte
d'ectoplasme inconsistant, éthéré, vêtu de blanc, l'autre, très
différente, en tous points semblable à la personne vivante, immédiatement
identifiée par ceux qui l'ont connue. Ces fantômes-là se
manifestent en rêve aux vivants, viennent faire part de leur mort, auquel
cas ils ont l'aspect de leur dernière heure - épée fichée dans le
corps, vêtements trempés pour les noyés, silhouette entourée de feu
pour les brûlés, etc. Ils délivrent un message, nomment leur meurtrier,
réclament vengeance et indiquent l'endroit où l'on retrouvera leur corps
afin qu'ils reçoivent une sépulture conforme aux rites, seul moyen de
leur procurer le repos éternel. Les parents viennent prendre congé de
leurs enfants, les époux de leur femme, et ne réapparaissent qu'en cas
de besoin : pour les aider, conseiller ou blâmer. D'autres fantômes ne
sont pas reconnus parce que leur trépas est ancien. Ils errent comme des
âmes en peine car ils n'ont pas obtenu satisfaction : corps non inhumé,
vengeance non réalisée et, dans une perspective chrétienne, pénitence
non accomplie ; emportée par une mort subite, la personne n'a pas eu le
temps de regagner le giron de l'Eglise et est vouée au purgatoire. Bref,
il s'agit de morts qui ne reposent pas en paix et se manifestent pour
qu'on leur apporte assistance. Ce qui n'est pas toujours facile car ces
fantômes, qui ne relèvent pas d'apparitions oniriques, sont souvent
muets et semblent ne pas voir les vivants, répétant inlassablement un
acte commis jadis.
Temoignage sur le Fantome |